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Avortement : Un Combat Plus Que Jamais D'actualité.

Dans un monde où les droits des femmes restent fragiles face aux vents conservateurs, le droit à l’avortement demeure un enjeu politique et sociétal majeur. Véritable acte de liberté, il incarne une revendication fondamentale : celle de disposer de son propre corps, sans injonction ni contrainte. Véronique Seigner , administratrice du Planning Familial 59 et ex-coprésidente nationale de l’association, revient sur les combats passés, les avancées législatives et les menaces qui pèsent encore sur ce droit essentiel dans l’ émission Vagabondes du 10/03/2035.

Le Planning Familial, né en 1956 sous le nom de Maternité Heureuse, a été en première ligne de toutes les batailles : l’accès à la contraception, la légalisation de l’avortement en 1975, et l’amélioration progressive des lois pour garantir un accès plus équitable à toutes les femmes. Mais l’histoire de l’avortement en France n’a pas été un long fleuve tranquille. De la clandestinité forcée aux avancées de la loi Veil, les féministes ont dû braver les interdictions et organiser la résistance pour permettre aux femmes d’interrompre une grossesse non désirée en sécurité. Ce combat, elles continuent de le mener aujourd’hui face aux offensives des mouvements anti-choix.

Un droit menacé dans le monde entier

Si la France a récemment inscrit le droit à l’avortement dans la Constitution, la situation est bien différente ailleurs. 45 % des avortements pratiqués dans le monde sont non sécurisés, selon l’OMS. En Pologne, aux États-Unis, en Amérique latine, les gouvernements conservateurs restreignent ou interdisent ce droit fondamental, mettant en danger la santé et la vie des femmes. L’exemple du Salvador illustre jusqu’où peut aller cette répression : certaines femmes y sont emprisonnées après une fausse couche, accusées de ne pas avoir protégé leur fœtus. Même en Europe, des pays comme Malte ou Andorre refusent encore aujourd’hui d’accorder aux femmes la liberté de choisir.

Avorter, un droit humain fondamental

L’avortement est un acte de soin, un droit fondamental qui ne devrait jamais être remis en question. Comme le rappelle Véronique Seigner, ce n’est pas en interdisant l’avortement qu’on le fait disparaître, mais qu’on le rend dangereux. L’accès à l’IVG doit être garanti partout, sans obstacle financier, administratif ou moral. Dans ce combat, la solidarité féministe est essentielle.

Une mobilisation indispensable

Alors que les extrêmes droites et les conservateurs multiplient les attaques contre le droit à l’avortement, la mobilisation reste plus cruciale que jamais. Chaque recul dans un pays met en péril l’ensemble des acquis obtenus ailleurs. Le Planning Familial continue de porter haut et fort la voix de celles qui refusent de voir leur autonomie sacrifiée sur l’autel des idéologies rétrogrades. Avorter n’a jamais été un caprice : c’est une nécessité, une liberté, un droit inaliénable.

Avortement : Un droit constitutionnel, mais un accès encore inégal en France

1111En mars 2024, la France a franchi un cap majeur en inscrivant la liberté d’avorter dans sa Constitution. Près de cinquante ans après la loi Veil de 1975, cette avancée symbolique marque une reconnaissance essentielle du droit des femmes à disposer de leur corps. Pourtant, malgré cette constitutionnalisation, l’accès à l’IVG reste un parcours semé d’embûches pour de nombreuses femmes. Entre disparités territoriales, clauses de conscience et manque de ressources médicales, le combat pour un avortement libre et accessible est loin d’être terminé. 

Légaliser l’avortement en 1975 n’a pas été un acte de générosité politique, mais le fruit de décennies de luttes féministes. À l’époque, la loi Veil avait été adoptée dans un contexte où des milliers de femmes mouraient ou se retrouvaient mutilées après des avortements clandestins. Pourtant, cette loi était loin d’être idéale : l’IVG n’était pas remboursée, interdite aux mineures sans autorisation parentale, et inaccessible aux femmes étrangères.

Ce n’est que progressivement, sous la pression des mouvements féministes, que le cadre législatif s’est élargi . 2001 : passage du délai légal de 10 à 12 semaines et instauration d’une éducation à la sexualité obligatoire dans les écoles (malheureusement peu appliquée aujourd’hui).

2014 : suppression de la notion de « détresse », auparavant nécessaire pour justifier une IVG.

2022 : loi Gaillot portant le délai légal de 12 à 14 semaines, malgré la résistance d’une partie du corps médical.

Ces avancées montrent une chose : les droits des femmes ne sont jamais acquis sans combat.

Une constitutionnalisation aux contours discutables

Si l’inscription de l’IVG dans la Constitution a été saluée comme une avancée majeure, elle reste imparfaite. Le texte adopté ne garantit pas un "droit à l’avortement », mais la « liberté pour une femme de recourir à une IVG ». Un détail sémantique qui a suscité de nombreux débats, notamment au Sénat. De plus, la question de la double clause de conscience demeure un frein majeur à l’accès à l’avortement. Certains médecins, notamment dans les Hauts-de-France et en région PACA, refusent de pratiquer l’IVG en invoquant cette clause, pourtant dénoncée depuis des années par les associations féministes.

Un accès inégal sur le territoire

Si la France n’est pas la Pologne ou l’Italie, où plus de 70 % des médecins refusent l’IVG, des inégalités territoriales persistent. Un récent état des lieux en Hauts-de-France révèle qu’un centre IVG sur deux applique réellement la loi Gaillot, permettant l’avortement jusqu’à 14 semaines.  Les difficultés rencontrées sont multiples : Manque de professionnels formés et volontaires : dans certaines zones rurales, il faut parcourir des dizaines de kilomètres pour trouver un établissement pratiquant l’IVG.  Parcours du combattant administratif : prises de rendez-vous multiples, délais d’attente allongés, information insuffisante sur les structures disponibles. Favorisation de l’IVG médicamenteuse au détriment du choix des femmes : par facilité, certains centres imposent cette méthode, pourtant plus douloureuse, alors que l’IVG instrumentale devrait rester une option accessible.

Vers un accès effectif et égalitaire à l’IVG

Inscrire l’avortement dans la Constitution était une nécessité. Mais garantir son accès réel, rapide et bienveillant pour toutes les femmes, quel que soit leur lieu de résidence ou leur situation sociale, est une autre bataille. Former davantage de professionnels, mieux informer les femmes sur leurs droits et s’assurer d’une offre de soins homogène sur tout le territoire sont des priorités urgentes. Le droit à l’avortement ne doit pas rester un texte figé, mais une réalité vécue sans obstacles ni culpabilisation.

➡️ Pour approfondir cette question, retrouvez l’ interview exclusive de Véronique Seigner sur l’évolution du droit à l’IVG en France dans l'émission Vagabondes .

➡️ Pour en savoir plus sur le Planning Familial et ses actions.

Cet article s’inscrit dans le cadre de l’émission "ÉCHOS DES ONDES", diffusée chaque 4éme mardi du mois sur radio Campus Lille.de 16:00 à 17:00.

À travers cette chronique, nous prolongeons notre exploration de l’actualité culturelle locale, mettant en lumière les initiatives, les créations et les voix qui font vibrer notre radio et le territoire.

| Par petrouchka


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