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Hocine BENHAMZA

BENHAMZA 500Hocine BENHAMZA le 28 janvier 2004 à Radio Campus

Hocine BENHAMZA
Il nous a quittés il y a 9 ans de cela, le 16 janvier 2009 des suites d'un arrêt cardiaque. Il avait 79 ans.
Pour lui rendre hommage, voici la retranscription de l'interview qu'il nous a accordé le 28 janvier 2004 sur les ondes de Radio Campus Lille dans l'émission " La Voix de la Berbèrie"
HOCINE BENHAMZA
Monsieur Benhamza, docteur en sciences économiques de l’université de Paris, militant clandestin au sein du PPA, ancien détenu politique pendant la guerre d’Algérie. Monsieur Benhamza a côtoyé également Krim Belkacem, Ouamrane et Abane Ramdhane mais aussi la première académie berbère. Retraité, il est écrivain, fondateur de l’association africaine de libre pensée et militant au sein de l’union des forces de contestation algérienne.
« Je dois la vérité à l’histoire… »
H. Benhamza
Anzar : Azul mas Benhamza, bienvenu dans les studios de radio Campus Lille.
Hocine Benhamza : Azul aux auditeurs. Je remercie tout particulièrement Anzar et radio Campus de m’avoir donné l’occasion de venir parmi vous pour vous livrer mon témoignage avec le maximum d’objectivité et de sincérité.
Anzar : Vous êtes un ancien détenu politique pendant la guerre d’Algérie, ancien militant du PPA (parti du peuple algérien), ancien compagnon de Krim Belkacem, d’Ouamrane et de Abane Ramdhane.
Parlez-nous de votre parcours de résistant.
Hocine Benhamza : Mon parcours de résistant a débuté à l’âge de 17 ans. A cette époque, j’étais le chef d’une troupe de scout musulman à Fort National (larbaa nat iraten), ma région natale. Dans le but d’éveiller et d’entretenir l’esprit nationaliste, j’ai emmené ma troupe de scout musulman à Icheriden, lieu de la dernière bataille ou la Kabylie a perdu son indépendance le 28 juin 1854, et je leur ai raconté cet épisode historique. Suite à cette visite, j’ai été victime de la répression coloniale en perdant mon travail à la commune mixte de Fort Nationale, étant considéré comme un anti-français.
J’ai continué tout de même à militer.
En 1949, les circonstances ont fait qu’un militant clandestin de mon village, Fernan Hanafi, m’a fait rencontrer Krim Belkacem et aussitôt je suis devenu son agent de liaison. Ce dernier m’a accordé sa confiance et très vite, mon rôle a été d’organiser des rendez-vous et de transmettre des messages entre lui et l’un des grands maquisards de Michelet (Amar Nat Cikh).
Nous n’étions qu’une poignée de résistant dans toute la Kabylie compte tenu des risques. Beaucoup sont morts au combat (…).
Puis, j’ai réussi à devenir douanier, dans les douanes françaises, et j’ai continué à soutenir Krim Belkacem.
C’est aussi à cette époque que j’ai fait la connaissance d’Ouamrane. Cet ancien sergent de l’école militaire de Cherchel, avait déserté en 1945, arrêté, condamné à mort puis gracié par le général Katrou, avait repris tout de suite ces activités politiques et avait pris le maquis. C’est par la suite qu’il est devenu colonel de L’ALN (armée de libération nationale), il a été à ma connaissance, le premier maquisard de la grande kabylie.
Là, un autre personnage vient sur le devant de la scène, Abane Ramdhane, il était politisé et se battait pour l’indépendance de l’Algérie.
En résumé, mon rôle était de les protéger lors de leurs déplacements et de leurs rencontres. C’est grâce à ces réseaux de soutien qu’ils ne furent pas arrêtés.
Novembre 1954 éclate, moi j’étais toujours douanier à Alger et là, Yacef Sadi est venu me voir pour me dire que dorénavant il serait l’agent de liaison entre moi et Krim Belkacem. Je devais transporter les chefs de l’insurrection entre Alger et la Kabylie en leurs faisant franchir les barrages policiers et militaires, profitant du fait de mon uniforme de douanier.
Le 5 juillet 1955, je devais rejoindre Krim Belkacem (chef des maquis de la grande Kabylie) pour être son secrétaire. Malheureusement cela ne s’est pas fait car suite à une dénonciation, j’ai été arrêté, détenu à Barberousse ou je fus torturé puis transféré à Paul Casel (aïn ouassara) avant d’être libéré quelques mois après, faute de preuves.
J’en profite pour ouvrir une parenthèse, certains affirment que les actes de torture ont commencés en 1956 avec la bataille d’Alger, c’est absolument faux. Dès que la PPA a commencé a activé, lorsque ses militants étaient arrêtés, la torture était systématique.
Anzar : Quel a été le rôle de ces responsables kabyles dans la révolution ?
Hocine Benhamza : Krim Belkacem à partir de 1949, a été désigné comme responsable de la kabylie. Il a préparé les combattants sur le plan politique et militaire en les entraînants à l’action armée. Au moment du déclenchement de l’insurrection en novembre 1954, il pouvait comptait sur 1500 hommes. Krim Belkacem avait un immense prestige, il était le chef incontesté, lorsqu’il a donné l’ordre de prendre les armes, cet ordre a été massivement suivi. Malgré les forces de répression de l’armée française pour étouffer la rébellion, Krim Belkacem a mis en œuvre une tactique qui a permis à ces maquis de tenir, de s’organiser malgré la faiblesse des moyens logistiques et financiers. Par la suite si la petite et la grande Kabylie ont pu jouer un rôle très important sur le plan militaire dans l’exécution de la révolution, on le doit beaucoup à Krim Belkacem.
Ouamrane a été sur le terrain, un grand résistant, un grand chef militaire. Dans la région de Blida, Bitat rabah était responsable du maquis. Il comptait sur un très grand nombre de combattants pour mener ses actions, malheureusement, beaucoup d’entre eux, par peur, ne se sont pas présentés au rendez-vous. Ouamrane a ramené alors des combattants de Kabylie pour prendre le relais. Ces derniers ont attaqué la caserne de Boufarik et ont mené de nombreuses actions à Blida. Par la suite, Ouamrane a réalisé des exploits sur le plan de l’action armée, dans la région de Palestro. Traqué par les forces française, il a dû se replier sur la Tunisie où il a continué le combat en acquerrant et en acheminant des armes vers l’Algérie.
Abane Ramdane a été emprisonné, torturé. A peine sorti de prison en janvier 1955, il a pris le maquis. Grâce à ses qualités politiques et son courage, il a été désigné, par Krim Belkacem, responsable politique pour la région d’Alger. Le rôle très important de Abane Ramdane a été de faire participer l’ensemble des algériens nationalistes, pas seulement les membres du FLN mais aussi Ferah Abbas et son parti UDMA (union démocratique du manifeste algérien), les Ulemas (qui n’étaient pas à l’époque partisans de l’action armée), des anciens réformistes, des membres du comité central, les communistes et même des français libéraux qui souhaitaient l’indépendance de l’Algérie et qui ont apportés un concours politique et matériel au FLN. Il a réussi à rassembler toutes ces forces citées. Pour anecdote, Boudiaf était à ce moment en Suisse, il a demandé par personne interposée, à Abane Ramdane le rôle qu’il devait jouer dans la révolution, la réponse fut tranchante « qu’il rentre en Algérie, ce n’est pas en Suisse que l’on se bat ». Il faut savoir aussi que lors du congrès de la Soummam, il était l’un des animateurs et rédacteurs de la plateforme de la Soummam qui définit la structure de l’armée algérienne avec ses grades, ses règles de fonctionnement, il a imposé le principe de priorité de l’intérieur sur l’extérieur et la primauté du politique sur le militaire. J’anticipe, si depuis l’indépendance le politique avait pris le pas sur le militaire, l’Algérie ne subirait pas la dictature militaire qui règne encore actuellement.
Anzar : Pouvez-vous nous parler du paysage politique algérien, avant la guerre d’Algérie ?
Hocine Benhamza : Au début des années 30, il y avait le mouvement « jeunes algériens » et les réformistes. Ces derniers voulaient l’égalité des droits et la citoyenneté française pour tous les algériens comme elle avait été accordée aux juifs, par le décret Crémieux, en 1870. Mais les autorités françaises ont refusé ces demandes.
Plus tard, Ferhat Abas revendiqua l’égalité et les droits des Algériens, il fonda même un journal intitulé « égalité ».
Après 1942, devant le refus incessant de la puissance coloniale, il se rapprocha du PPA pour créer « les amis du manifeste et de la liberté », une revendication nationaliste. Après les émeutes sanglantes de 1945, Ferhat Abas, créa « l’union démocratique du manifeste algérien » (UDMA) avec comme objectif la revendication d’une république algérienne fédérée à la France et un journal intitulé « république algérienne ». Il faut signaler que Ferhat Abas et les militants de l’UDMA n’étaient pas d’accord pour l’action armée.
Il y avait également les Ulémas qui ne revendiquaient pas l’indépendance et déclaraient « nous voulons comme langue officielle l’arabe, un islam débarrassé de la superstition. Nous nous inclinons et nous acceptons que l’Algérie reste une colonie française». Cependant, certains responsables des Ulémas, initiés par Ben Badis, ont compris que la lutte armée était lancée, elle allait réussir, ils se sont donc joins à cette lutte, en juin 1956.
Mais aussi les communistes non partisans de l’indépendance, mais prônant le syndicalisme, la fin du chômage, la fin de l’exploitation des ouvriers. Par la suite, un certains nombres d’entre eux se sont engagés à titre individuel dans l’action armée comme Henri Allègre, Fernand Ivetant, Maurice Haudin, l’aspirant Maillot désertant avec un camion rempli d’armes, une partie de ce butin fût remis au FLN mais encore Raymonde Péchard, morte les armes à la main.
Et enfin, les « Bachaghas » de Oued Fodda et de Tigzirt, chefs de harkis, ils ont mobilisés les paysans, leurs ont revêtu un uniforme français pour combattre l’ALN (armée de libération nationale).
Anzar : Quel a été le rôle et l’évolution de Messali Hadj au sein du PPA-MTLD ?
Hocine Benhamza : Permettez-moi de remonter à l’année 1926 avant la création de l’étoile nord-africaine. Il y avait une dizaine de personnes dont huit étaient d’origine kabyle. Ils étaient émigrés pour la plupart ouvriers d’usine. Les noms dont je me souvienne sont Radjef Belkacem, Imache Amar, Si Djilani. Ce sont les fondateurs, les promoteurs de la première étoile nord-africaine. Pour eux, la résistance au colonialisme devait s’étendre à l’Algérie, la Tunisie et le Maroc et devait être coordonné dans le but de libérer l’ensemble de l’Afrique du Nord. Ces personnages ont demandé à Messali Hadj d’être le secrétaire général de l’ENA afin d’attirer les arabophones et pour ne pas être qualifiés de mouvements exclusivement kabyle (Il est vrai également que nous, les kabyles, nous acceptons difficilement d’élire un des nôtres comme chef car nous nous considérons tous égaux. Nous préférons « obéir » à une personne venue de l’extérieur). L’administration coloniale a dissout l’étoile nord-africaine, elle s’est reconstituée deux ans après sous le sigle de : glorieuse étoile nord-africaine. A cette époque, Messali Hadj était partisan de l’indépendance. Il fallait récupérer les terres coloniales et instaurait un parlement algérien souverain (…).
Petit à petit, Messali s’est transformé en dictateur, il exerçait un pouvoir personnel et sous l’influence d’un syrien, Chakib Arslane, il s’est convertit à l’arabisme et à l’islamisme. Pour lui, l’Algérie est une nation arabe et il fallait utiliser le levier de l’islam pour mobiliser un grand nombre d’algérien. Un des membres du comité central de l’étoile nord-africaine, Aïmeche Amar, a combattu le culte de la personnalité et a appelé, les militants, à refuser l’autocratisme et la dictature de Messali.
Juste après cet appel Radjef Belkacem et Messali ont été arrêtés et libérés quelque temps après.
En 1936, Messali s’est rendu compte que la propagande nationaliste commencé à toucher les algériens, il est allé s’installer à Alger où il créa le PPA (parti du peuple algérien). Ce parti a rapidement mobilisé un grand nombre de gens surtout en Kabylie ou l’esprit de résistance était très fort. La Kabylie avait davantage de militants nationalistes que le reste de l’Algérie réunit.
Au début, Messali était pour l’indépendance par l’action armée puis il s’est rendu compte qu’il valait mieux avoir une façade légale, ce fût la création du MTLD (mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques). Les dirigeants du PPA-MTLD se sont mis d’accord pour créer une force paramilitaire appelé OS (organisation spéciale). Cette dernière devait entraîner les militants physiquement et au maniement d’armes pour servir l’armée algérienne le moment venu. Cette organisation a été démantelée par la police française.
Puis beaucoup de membres du MTLD se sont séparés de Messali car ce dernier souhaitait être président à vie, c’est là que le CRUA (comité révolutionnaire pour l’unité et l’action) voit le jour. Ce dernier a donné naissance au FLN.
Le CRUA-FLN, composé de maquisards, d’anciens agents de l’OS et d’autres… ont déclenché l’insurrection de novembre 1954.
Anzar : Pouvez-vous nous parler plus en détail, de l’organisation spéciale (OS) de 1947 ?
Hocine Benhamza : Son premier chef était Hocine Aït Ahmed. Au moment de la crise berbériste de 1949, Messali et ses principaux lieutenants ont exclus du MTLD tous les acteurs de l’opposition berbère car ils proclamaient une Algérie algérienne, laïc et non une Algérie arabe. Je le répète, pour Messali et ses partisans, l’Algérie est un pays arabo musulman. A l’époque ils se sont méfiés de Aït Ahmed car ils pensaient qu’il allait soutenir les berbéristes, il a été remplacé par Ben Bella. Or que, Aït Ahmed, lui-même, était contre le mouvement berbériste, pour lui il fallait simplement une politique, une action révolutionnaire mais il ne fallait absolument pas poser le problème berbère. Lors du démantèlement de l’OS par l’armée française, suite à une dénonciation de l’un de ses membres, de nombreuses arrestations ont eu lieu. Parmi les interpellés on retrouve Ben Bella et Mahsas. Ils ont réussis à s’échapper de la prison de Blida et ont rejoint le Caire en Egypte afin de continuer la lutte de l’extérieur. Aït Ahmed ayant échappé à l’arrestation, livré à lui-même, exclus de la tête de l’OS, a réussi à rejoindre ses acolytes au Caire. D’autres, sont restés au maquis au péril de leurs vies c’est le cas de Krim Belkacem, Ouamrane, Amar At Chix (…).
Il est important de le dire et çà je le tiens de la bouche de Ouamrane, les chefs politiques du MTLD avec la bénédiction de Messali étaient embarrassés par la présence de ces maquisards sur le terrain, ils voulaient les envoyer au Caire afin qu’ils ne posent plus de problèmes. Les maquisards ont refusés. Lorsque le MTLD a éclaté, Messali d’un côté, les centralistes de l’autre, le CRUA a déclenché la révolution.
Anzar : Pouvez-vous nous parler de la crise berbériste de 1949 ?
Hocine Benhamza : A la fédération de France du MTLD, il y avait 32 membres dont 28 à l’initiative de Rachid Ali Yahya, étudiant, et sous l’impulsion de militants kabyles notamment Benaï Ouali, Ferah Ali, Oubouzar et d’autres, disaient « nous nous battons pour la démocratie, la laïcité, l’indépendance et pour une Algérie algérienne ».
Messali et ses partisans, y compris ceux du comité central, disaient « l’Algérie est un pays arabe. Elle doit se tourner vers les pays du proche orient, devenir une composante de la nation arabe. L’Algérie est un pays musulman, il faut promouvoir la religion musulmane ».
Et les responsables kabyles même ceux faisant partie de l’Os, disaient « oui, aux revendications berbères mais pas de façon prématuré, il faut d’abord obtenir l’indépendance avant de poser le problème berbère ».
Suite à toutes ces divergences, le mouvement berbériste de base n’a pas été suivi et, c’est un point à vérifier, nous pensons que Messali et ses partisans ont renseignés la police française, ce qui lui a permis d’arrêter la plupart des responsables berbéristes notamment Benaï Ouali.
Anzar : Quelles ont été les orientations de la politique algérienne en 1962 ?
Hocine Benhamza : En 1962, Ben Bella arrive au pouvoir.
Première orientation, il déclare « nous sommes des arabes ». Les kabyles se sentent lésés, hier, ils se refusaient à être français et aujourd’hui, on leur demande de devenir Arabe !!!
A ce moment, l’esprit de résistance kabyle, naît.
Deuxième orientation, il déclare l’islam, religion de l’état.
Puis, peu à peu, le gouvernement a instauré le socialisme en supprimant la propriété privée, en étatisant les entreprises, en nationalisant l’agriculture (…). Ce sont toutes ces options qui ont conduites à l’intégrisme, à l’augmentation du chômage.
Mais il y a aussi le problème démographique. Il est devenu un obstacle important. En effet, de 1962 à ce jour, nous sommes passés de 5 à 31 millions d’habitants, mais en parallèle, la production n’a pas suivis.
Anzar : Vous avez été le trésorier de la première académie berbère.
Pouvez-vous nous parler des luttes pour la cause berbère à partir de 1967 ?
Hocine Benhamza : À l’époque, en Algérie, si vous osiez parler, la sécurité militaire vous arrêtait. Il y a eu l’épisode du FFS (front des forces socialistes) et de la résistance armée d’Aït Ahmed. Ce dernier disait : « je suis contre la dictature de Ben Bella, je suis pour le socialisme scientifique (…) ». Les combattants qui étaient avec lui, pensaient qu’Aït Ahmed était pour l’amazighité et la défense des intérêts de la kabylie. Mais la réalité était tout autre (…).
La population kabyle avait déjà trop souffert pendant la guerre des sept ans et ne souhaitait pas se remobiliser pour un nouveau conflit et encore moins pour un socialisme scientifique. Pour les berbères, la seule possibilité de s’exprimer a donc été de créer une association à Paris.
Nous étions un certains nombres : Rahmani Abdelkader, Bessaoud Mohand Arab, Taous Amrouche, Hanouz (auteur d’une grammaire berbère)…soutenus par Mme Dodiscot (israélienne d’origine), Clara Malraux (ex-femme d’André Malraux)…Nous tenions des réunions et avions lancé une revue qui, par manque de moyens financiers, n’a pu être poursuivi. Ce fût donc la première académie berbère ou je fus trésorier. Malheureusement, suite à une mésentente entre Rahmani et Bessaoud Mohand Arab, cette association prit fin. Bessaoud créa alors, sa propre académie sous le nom de « Agraw Imazighen ». Cette dernière fonctionna quelques temps, et là, je dois la vérité à l’histoire, Bessaoud a utilisé des méthodes que la morale condamne en essayant de racketter les commerçants kabyle de Paris pour obtenir de l’argent. Il fût arrêté, condamné et grâce à l’aide d’un député français, au lieu de rester en prison, il fut expulsé vers l’Angleterre.
En 1972, des étudiants kabyles ont créés « le groupe de Vincennes » afin d’enseigner et de défendre la culture berbère, l’aboutissement a été la révolte du printemps berbère de 1980.
En parallèle, en 1974, lors de la fête des cerises à Fort National (larbaa nat irathen), Aït Menguellet devait se produire et le pouvoir a imposé des chanteurs arabophones. Le public a manifesté vivement son mécontentement (…). Il y a eu une véritable répression et c’est à ce moment-là, que le mouvement berbère a pris dans toute la kabylie.
Anzar : Si demain la Kabylie était autonome, aurait-elle la possibilité de s’auto gérer d’un point de vue économique et social ?
Hocine Benhamza : Oui. Beaucoup de personnes pensent que autonomie rime avec indépendance.
Non, nous nous sommes battus pour cette indépendance et nous avons le droit de récupérer notre part des recettes pétrolières. Certains secteurs d’activités doivent être financés par le budget de l’état.
En ce qui concerne la gestion locale, elle doit se faire exclusivement par des assemblés élus démocratiquement au sein de la kabylie.
La Kabylie doit vivre dans la laïcité, l’enseignement doit se faire à travers une langue permettant le progrès.
Les citoyens de Kabylie doivent travailler leurs terres.
Avec tous ces critères l’autonomie peut être viable (…).
Il y a une association, à Paris, nommée « centre d’étude et de recherche sur l’autonomie de la Kabylie » qui se penche sur ces problèmes. Elle organise des débats afin de définir les conditions permettant à la Kabylie de vivre de façon autonome sur le plan économique et social.
Anzar : Vous êtes un économiste, pouvez-vous nous faire un rapide bilan sur la situation économique de l’Algérie d’aujourd’hui ?benh 500
Hocine Benhamza : Le bilan est catastrophique.
Quelques chiffres : 30 % de la population est au chômage dont
40 % chez les jeunes.
Il manque approximativement 2 millions de logements pour remplacer les bidonvilles.
Le coût de la vie est tellement excessif que seul une minorité peut manger correctement.
Il y a des disparités énormes entre les riches et les pauvres.
Il y a une fuite massive de nos jeunes vers les pays d’Europe.
La production agricole a régressé au point d’importer l’essentiel des produits de première nécessité (blé, sucre, huile…).
Le seul domaine ou la production algérienne se maintient est, les hydrocarbures et heureusement car sans cette unique ressource, l’Algérie connaîtrait une famine sans précédent.
Le plus affligeant, est la valeur du dinar par rapport à l’euro : 110 Dinars = 1 Euro, la monnaie algérienne ne devient que du papier (…).
C’est une crise économique et sociale multiforme.
Si la politique actuelle se poursuit, l’appauvrissement de la population sera de plus en plus fort et aboutira à une explosion sociale.
Anzar : Vous êtes également écrivain, auteur d’un livre sur « les techniques douanières dans la communauté européenne ». Votre prochain livre parlera de l’histoire récente de l’Algérie.
Quels sujets allez-vous aborder ?
Hocine Benhamza : Je retrace tout d’abord, la période pré coloniale. Je montre comment la société kabyle vivait à cette époque.
Je continue en parlant de la guerre d’Algérie et de ses débordements (torture, prison…).
Je finis par, expliquer comment l’Algérie a fonctionné depuis 1962 jusqu’à la catastrophe actuelle.
Anzar : tanmirt mas benhamza.
Awal n-tagara?
Quel est votre dernier mot ?
Hocine Benhamza : Si l’Algérie continue à être dirigée comme actuellement, si les algériens conservent leurs mentalités souvent rétrograde, c’est fini elle ne s’en sortira jamais.
Par contre, si les algériens sont prêts à des changements radicaux au niveau des mentalités et des comportements, tous les espoirs sont permis.
Il faudra gagner la prospérité, la bataille du développement comme ma génération a gagné celle de l’indépendance.
Encore une fois, merci Anzar de m’avoir invité dans votre émission et de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer.
Anzar : Mille mercis monsieur Benhamza d’avoir accepté notre invitation et d’avoir répondu à toutes nos questions.
Je vous souhaite une très longue vie, les Algériens ont besoin d’hommes comme vous.
Anzar
La Voix de la Berbèrie
Radio Campus Lille
Haut-de-France

 


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B Boy Bouillabaisse mercredi 22 juin 2022
LA CHANSON EN 2004

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