Danmargin: 8px; float: left ;width: 320px; height: 240px; object-fit: cover;"text-decoration: underline;">Chapitre 1: 1969 à 1971. Radio Campus : Pemière Station Etudiante de Radiodifusion à L'Université de Lille

STUDIO RESIDENCE BACHELARD 0/20-CAMPUS UNIVERSITAIRE DE VILLENEUVE D'ASCQ.

Campus Universitaire de Lille, printemps 1969. L'ennui règne en maître parmi ces nouvelles résidences érigées depuis peu en rase campagne à 8 kilomètres du grand centre urbain. Progressivement, des centaines, des milliers d'étudiants viennent chercher une culture dispensée dans les immenses amphithéâtres préfabriqués et retournent en ville le soir.

Il y a pourtant ceux qui restent : les "Résidents" des "villages", "Camus", "Hélène Boucher", "Evariste Gallois" et "Gaston Bachelard", groupés en bâtiments normalisés bleus et gris à la périphérie d'une massive et austère bibliothèque centrale. Bien sûr, une timide infrastructure de loisirs a été mise en place au sein même des résidences : foyers, club divers dont la mission s'avère être l'accueil des jeunes bacheliers pensionnaires du Campus.

C'est ainsi que le Club Radio de Bachelard enregistre l'adhésion d'élèves de l'Institut Universitaire de Technologie (IUT) qui, de par leur travail expérimental en laboratoire, s'intéressent aux montages électroniques et aux réalisations semi-professionnelles dans le domaine de l'audiovisuel.

L'un deux, Christian VERWAERDE, installe bientôt -afin de tester son travail- un mini-émetteur dans l'une des chambres de la Résidence Bachelard, au quatrième étage de l'un des pavillons. L'installation est précaire, l'antenne rudimentaire, et les "tests" ne concernent qu'une minorité. Pourtant l'idée est née et se développera grâce à l'enthousiasme des pionniers de la grande aventure Radio Campus.

La situation géographique du Campus, son isolement idéologique, sa promiscuité déjà perceptible avaient en fait engendré la création du média- radio, spontané et rapidement réalisable et exploitable, alors que les structures traditionnelles s'attachent toujours -lors de l'implantation de vastes ensembles communautaires- à fournir des liaisons de communications populaire désuètes, peu adaptées, s'étonnant d'ailleurs que les jeunes les refusent, les négligent et les taxant illico d'inadaptation, de désenchantement ou autres démission de volonté. Radio Campus allait être l'exemple même de l'adaptation immédiate à une situation de conflit : conflit de communication humaine entre une population active, adulte et responsable et une population étudiante adolescente, créative et spontanée, exclue généralement du monde social à grands coups de clichés, d'apriorisme et de visions réactionnaires.

Peu de temps après, l'idée simple de "descendre" au Club Radio naît. La grande aventure commence, car le public étudiant peut assister, les mardis et les jeudis de 20h à 23h à la réalisation des émissions en direct. L'équipement est alors extrêmement modeste -et les sourires de bon aloi lorsque l'on observe les archives photos de la station ! - Seul, un premier mélangeur à 4 entrées construit par le "Big Boss" permet quelques astuces techniques. L'animateur voisine le technicien qui contrôle la modulation sur un oscilloscope et un récepteur trafic. Ce sont JESS ANDREW et POPAUL qui prennent en charge les émissions principales, tandis que les horaires dépendent encore de l'ouverture de la salle du club et de la chasse à la clef dans les étages..! Et pourtant, il reste peu possible de dire ce que nous ressentions, ce que j'ai ressenti, personnellement à cette époque, malgré les désordres évidents, les erreurs et bricolages, les imprécisions de toute nature ! C'est certainement l'impression confuse que tout pouvait arriver avec la soudaine liberté de programmer le rire, la tendresse, l'ironie, la colère, l'amour, la sensation enivrante de pouvoir créer, composer, interviewer, informer...sans aucune limite ni restriction. Mais cette explosion brutale allait aussi se traduire par les premiers excès naturels et Radio Campus se devait alors de franchir le plus rapidement possible cette étape de jeunesse qui consiste souvent à s'emparer d'un micro pour un usage égoïste et à délaisser l'auditoire. Cette étape sera relativement vite atteinte dans la vie de la station. Le "Big Boss" et des animateurs avertis s'y sont employés sans l'imposer et les perfectionnements nombreux et solides allaient donner à Radio Campus ses premières heures de gloire dès la rentrée universitaire de 1970, grâce à la compétence et au dévouement des techniciens Hervé Mary, Guy Robiquet, Charlie Delbarre, René Lavergne, et à celle des animateurs , Bernie, Didier Laune, Jess Andrew, Jean-Pierre Casléty.

Au début de l'année 1970-1971, Radio Campus devient audible dans un rayon de 3 à 4 kms sur la périphérie du Campus. Il faut noter que la position excentrique de Bachelard a toujours posé des problèmes de propagation à la station. Néanmoins, une deuxième étape importante se prépare et la station prend son autonomie en s'installant grâce à la bienveillance des agents et personnels de la Résidence dans la salle voisine qui devient le studio 020. Deux sections sont aménagées : le studio technique et le studio d'émission, le tout pouvant fonctionner en circuit fermé ; hors antenne pour l'enregistrement par exemple. A cette époque, Radio Campus reçoit la visite de centaines d'étudiants qui trouvent pour quelques heures le soir, par exemple, un lieu de réunion et de discussion derrière les vitres et spots colorés tandis que les animateurs et techniciens entretiennent une communication qu'ils ont créée, élaborée et qui devient vite pour tous le symbole d'une Université retrouvée malgré les immensités de béton et de goudron, les chambres exiguës et fonctionnelles, les parkings interminables, et les files d'attente épaisses devant les chicanes des entrées-restaurant.

En Février 1970, Radio Nooordzee International débute ses émissions depuis le Mebo 2. Radio Campus fait connaître la station en la relayant chaque midi de 12 à 14h. Ainsi, les programmes de Campus s'étendaient sans nécessiter une permanence aux heures des repas, en dehors de la mise en marche technique. Les 3 et 4 mars, une grande nuit "non-stop" était organisée en souvenir de l'abordage de Radio Caroline 2 années auparavant, et les programmes s'enchaînaient sans interruption pour la première fois de 20h à 10h du matin. A cette époque, les responsables étaient évidemment conscients des réactions possibles des autorités. Des "alertes" ont maintes fois ébranlé la sérénité des animateurs, telle celle d'un petit matin sur un coup de fil de la police-radio régionale désirant rencontrer les responsables. Une entrevue eut lieu en dehors de Lille et une déclaration d'émetteurs fut faite au commissariat local. La station était écoutée avec intérêt par ...les gardiens de la Paix.... Il faut avouer qu'une certaine psychose de la surveillance nous envahissait parfois, non sans raison si l'on se donnait la peine, nous aussi de parcourir les routes de notre Campus en véhicule automobile et de procéder aux relevés de propagation élémentaires...

Chapitre 2: 1971 à 1974. Apogée et Déclin

En 1971 et 1972, les progrès de Radio Campus furent considérable. La venue de nouveaux animateurs bénévoles confirmait la réussite de la seule activité de liaison véritable sur un Campus dépourvu de Centre Culturel réel. La station devenait peu à peu une Institution. Cette année-là, un matériel nouveau fit son apparition grâce aux différents crédits culturels répartis entre les Clubs. Parallèlement, la station s'organisait, et Roland Couturier établissait la grille trimestrielle des programmes. Charlie Delbarre assurait l'entretien technique et "Big Boss Christian" apportait les perfectionnements nécessaires : mélangeur à 8 entrées, bips horaires liaisons animation-technique par micro d'ordre, monitoring et présélections d'écoute sur les sources sonores. Deux platines manuelles Lence B.55, également 2 micros de studio et 2 platines de lecture dont une réservée aux cassettes, complétaient la nouvelle installation dans le petit studio au rez-de-chaussée de Bachelard, Pavillon 0.

Le courrier ne manqua pas à cette date. Radio Campus se faisait connaître progressivement grâce à sa présence régulière sur les ondes en période universitaire, grâce aussi à la qualité des ses émissions et aux créations libres dans le domaine de la communication radiophonique et des sujets abordés. "Domi" présentait une émission de vieux succès le lundi soir, Roland assurait "Campus-Midi-Musique", Hubert proposait "Vibrations". Cette année- là aussi, la fréquence Go de 1380 m fut abandonnée à la suite des essais provisoires de ALGER chaîne III, et de l'interférence considérable avec RMC - la première touchée par l'initiative de lao Radio Algérienne ne reconnaissant pas la Convention Européenne. Radio Campus changea sa fréquence pour 1180 m GO, tout en poursuivant le service FM à 93 MHZ. Mais cette fréquence de 1180 m allait bientôt plaire également à Alger qui s'en emparait quelques semaines plus tard !

Il faut d'ailleurs dire ici que ce n'est pas la seule affaire de fréquence que Radio Campus ait connue : les tests de Radio Caroline sur 389m PO en février 73 - alors que Radio Campus était passé sur PO à 389 en abandonnant 1180m GO - nous obligeaient encore à "glisser" sur 395m PO ! Les techniciens avaient mis 15 jours à repérer la fréquence comme idéale en propagation nocturne (il y avait arrêt en "maintenance porteuse de l'émetteur PO" toutes les heures à H - 3 mn pour tester l'interférence avec les stations éloignées et enregistrer les courbes de fréquence). Mais le "génie de la Mer du Nord", Peter Chicago avait fait son travail de recherche sur le Mi Amigo et aboutissait au même résultat, avec la petite différence des 8 kW de puissance - ce qui donna des émotions à notre Boss un petit matin, alors qu'il rentrait de Maubeuge au volant de sa 2 CV - on peut avoir un autoradio aujourd'hui sur ce type de véhicule... - D'abord surpris, puis flatté de "sa" bonne puissance, il pensa à une "propagation" exceptionnelle, avant de comprendre l'arrivée des tests de Caroline. Le soir même, il voulait "porter plainte" pour usurpation abusive de longueur d'onde !!!.

Nos propres puissances étaient bien différentes : 20 watts pour les GO, et 10 watts pour la FM. Les nombreux travaux d'accord des antennes étaient fastidieux, les résultats restant moyens sur le Campus même. Et pourtant ! Une bonne concierge ne nous accusait-elle pas de "brouiller Luxembourg" - comprenez RTL - Tel journaliste de revue radio n'annonçait-il pas que "ces mini-émetteurs, certains jours, avec 3 KW (!!!) étaient parfaitement entendus jusqu'en Hollande !" (référence : Jacques Parrot, Télé 7 jours du 22-28 mars 1997, répondez, SVP !). Déjà la grande presse - si inerte vis-à-vis des sujets peu conformes à la basse vulgarisation- transformait en spectaculaire des informations recueillies on ne sait où ni comment.

A Radio Campus, un indicatif définitif fut retenu. "Man of Action" de RNI fut commandé à 55 exemplaires en Hollande, pour le studio et les fans exigeants. Et, chose prévisible, la "radiophonite" étudiante allait tenter d'autres personnes : pendant 15 mois, Radio ABC, à la Résidence Albert Camus, distante de 400 m de Bachelard allait tenter de s'imposer. Guerre froide, malgré des duplex mémorables en cours d'émission et même un programme commun... ABC émettait sur 324m PO et semblait avoir investi une somme importante. L'année universitaire suivante vit sa disparition lente, renforçant en un sens Radio Campus, techniquement plus solide, et dont l'équipe bénéficiait d'une expérience non négligeable dans la création des programmes.

1972-1973 est incontestablement la meilleure année pour Radio Campus. Malgré les vicissitudes des rentrées universitaires (départ des anciens, matériel à réviser, structures à reprendre à zéro, programmes à assurer en demandant la constance, chose parfois étrangère à l'étudiant), la station allait étendre ses programmes en FM et PO à 389m, de 12h à minuit, chaque jour. Trente animateurs se succédaient selon un planning bien composé et varié. Musique française avec Michel Brioul, variété et bonne humeur avec l'incomparable bavard cocasse Patrick accompagné de sa compagne Anne ("l'émission de Timbrés"), la remarquable émission de Sigismond, "Top Campus", qui, grâce à la compétence professionnelle de son producteur donnait à Radio Campus une notoriété régionale en matière de nouveautés de disque, souvent proposées aux auditeurs quelques semaines avant les périphériques belges ou anglaise. De nombreuses soirées dansantes donnait aussi son renom à la station, et plusieurs centaines d'autocollants envahissaient les vitres des voitures de la région lilloise. Cet été-là, et pour la première fois dans son histoire, Radio Campus continue ses émissions en Juillet jusqu'en Septembre, grâce à la mobilisation d'une équipe d'une dizaine d'animateurs. Le fait est à souligner, car pour la première fois aussi, la station s'adressait plus à la région qu'aux étudiants, partis en vacances. Les programmes sortaient nécessairement du schéma étudiant et forçaient les producteurs à évoluer dans la création. On le comprit très bien et trop bien à la Direction Régionale de L'ORTF Lille. La presse y allait pour la première fois de ses grandes colonnes et de ses photos grand format, et la tolérance ignorante se trouvait du même coup compromise. Brutalement, ce fut la SACEM qui se faisait connaître réclamant les arrièrés depuis 1970 sur la programmation musicale...

En Octobre-Novembre 1972, la reprise s'annoncait difficile. Des rivalités au sein des Associations apparurent Le 25 mai, vers 14h, un animateur avec la complicité de l'Administration de la Résidence annonçait la fermeture de Radio Campus, contre toute attente... Cela pouvait passer pour un arrêt traditionnel "fin d'année" mais la situation était toute autre. Il faut savoir que le 5 mai, un grand quotidien d'information du Nord faisait paraître, un article de 4 colonnes sur le Festival de la Chanson Québécoise organisé sous chapiteau par Campus en association avec la Maison de la Culture. Maladresse ? Pourquoi avoir donné un texte à diffuser ? Pourquoi surtout laisser apparaître les longueurs d'ondes sur cet article ? "RADIO CAMPUS SORT DE LA CLANDESTINITE..." disait le journal... C'en était fait du silence de tolérance, et l'impact culturel de la station allait être désormais réprimé. Nous nous poserons longtemps la question de savoir jusqu'à quel point une ingérence intérieure n'a pas été réalisée pour saboter l'existence de Radio Campus. En effet, quoi de plus facile dans une association si originale et si respectueuse de la libre créativité au point d'ouvrir l'antenne à l'étudiant qui proposait un projet ou offrait l'assurance d'un service musical sérieux et composé par ses soins ?

Mais, la grande masse des étudiants-auditeurs quittait déjà le campus. Tout allait devenir silencieux, l'ignorance allait permettre la fermeture du studio, remplacement des serrures, déménagement du matériel etc. Le 10 août pourtant, un autre quotidien régional annonçait "Devenue Station-Pirate, Radio Campus a du se taire plus tôt que de coutume... LES EMISSIONS POURRONT-ELLES REPRENDRE ?". Et le journaliste de conclure : "La ville nouvelle de Villeneuve d'Ascq doit servir de banc d'essai pour la télédistribution... On peut imaginer que les installations de Radio Campus une fois développées, profiteraient non seulement aux étudiants, mais à la population toute entière...".

Le 13 mars 1974, le passé déjà célèbre de la station ne pouvant plus être ignoré, une équipe d'animateurs occupent le studio jour et nuit pendant une semaine environ et il semble que Radio Campus renaisse de ses cendres. Pourtant la station ne peut organiser ni prévoir la rentrée de septembre, le moral est bien atteint et les difficultés et compromissions de tout ordres arrivent nombreuses. En octobre 1974, Radio Campus ne reprendra pas ses émissions. Il est certain que des contacts ont été pris en début des années 1975 avec les autorités diverses. Mais... "l'affaire" Campus concerne l'Education Nationale, le Rectorat, les Présidents d'Université, les Oeuvres Scolaires et Universitaires... Aucun pouvoir institué ne semble vouloir prendre en main le dossier...

Radio Campus s'est tue à Lille, probablement pour toujours. Le petit studio de Bachelard n'existe plus, les antennes non plus. D'autres générations d'étudiants passent qui parfois entendent évoquer cette activité qui semble encore aujourd'hui, 3 ans après, marquer une grande époque : celle pendant laquelle on a mieux vécu sur le Campus, celle pendant laquelle des amis se sont trouvés, celle pendant laquelle la Radio inventait une autre communication. Radio Campus a l'immense mérite de montrer encore en ce moment que la communication dépend pas des milliards que certains peuvent investir, mais bien de la solidité d'une équipe bénévole et amoureuse de la création radiophonique. Radio Campus existe toujours pour ceux qui l'ont créé.

D'autre part, le 14 juillet 1972, un événement local fut significatif : l'ORTF, à l'occasion de la diffusion d'été des programmes "France-Inter- Vacances" (FIV) venait de lancer dans les régions la version musicale des chaînes actuelles FIL, FIR, FIM, FIBA, alignées sur FIP (Paris 514m&FM). On parlait d'émission "Pirate" à la Direction Régionale en compagnie de MM.Sallebert, Célarié (Nord Picardie), Garette et Codou, patrons de FIP, en parlait de ce "goût des jeunes pour une certaine forme de musique pop..." (presse : 4.7.92). Radio Campus montrait le chemin depuis 3 années, et ce de façon bénévole, non sans un certain succès, non sans une certaine renommée... L'ORTF allait bel et bien autoriser la région lilloise à utiliser l'émetteur de Camphin FM, rayonnant sur 5 départements et audible jusqu'à Paris pour un "décrochage" quotidien et une émission de "pop" prévue initialement de 21h à 24h, et ramenée immédiatement à 60 minutes de 21h à 22h...! Les contacts discrets commencèrent. N'a-t-on pas parlé d'une tentative officielle de faire de Radio Campus un studio-école de l'ORTF-Lille ? Certaines personnes bien informées auraient même compris que l'installation d'émetteurs ORTF à Bachelard permettraient le fonctionnement en qualité de station expérimentale de type ORTF Saint-Quentin sur 202m localement. Toujours est-il qu'avec la fin de l'année scolaire, les problèmes tombaient -providentiellement...!- entre les mains des autorités universitaires, directeurs de Résidence, et Responsables Régionaux de tous ordres, et échappaient -tout aussi providentiellement...- à ceux-là mêmes qui avaient construit la station, l'avaient confortée, développée et entretenue, à savoir, les étudiants et leur public.

Pourtant, bien que certains d'entre-nous aient été constamment avertis des problèmes -RADIO CAMPUS VACANCES se poursuivait, non sans indicatifs significatifs quant à l'évolution dans la vie de la station. L'équipe était déterminée à montrer toutes ses possibilités : Guy Massa, Sigismond, Nelson assuraient des dizaines d'heures d'antenne. Le dimanche matin même, des programmes en langues et dialectes africains étaient diffusée pour les étudiants étrangers isolés de leur pays pour de longs mois, et contraints de rester à Lille pendant la durée des vacances universitaires. Il y eut aussi la collaboration des assistants d'Université dès la rentrée pour des débats et exposés face à un public assidu face au studio ou à l'écoute. Nous devons aussi nous souvenir de la venue de François Béranger, de celle de Gilles Vigneau, de celle du Québécois Florent... Il reste de cette année une impression de calme et d'efficacité malgré les difficultés perceptibles, efficacité dans l'organisation, avec comme premier résultat une présence sur les ondes élargie de 07H30 à 23H45 chaque jour de la semaine, excepté le lundi avec la reprise hebdomadaire à 17h. Radio Campus- Ondes Moyennes avait alors porté sa puissance à 200 Watts et était audible en confort d'écoute sérieux à 30 km.

En octobre-novembre 1973, la reprise s'annonçait difficile. Des rivalités de tendance au sein des associations de résidents, gestionnaires des Clubs, apparurent. Quel était réellement le statut de Campus ? Sous quel patronage la station devait-elle se trouver ? Le Président de l'association des Résidents de Bacherlard (AS.ET.RE.RA) était-il le "patron" ? Le Big Boss ne l'était-il pas de fait et de droit ? Quel était le rôle du C.R.O.U.S. (Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires, qui attribue les crédits et à qui le matériel en fait appartenait...) ? Autant de questions délicates et difficiles qui n'avaient pas de réponses et à partir desquelles il devenait de plus en plus facile et évident pour les autorités de composer et de jouer. Sur ce point, la cohésion de l'équipe Campus ne fût pas réalisée, mais peut-on et doit-on en vouloir à ceux qui avaient mis toutes leurs forces et toutes leur disponibilité au service de la Radio et voulaient ignorer les querelles et intrigues administratives ? Radio Campus s'étouffait, non pas de par sa propre radio, ce qui est relativement triste, mais bien de par son propre développement et aussi et surtout en raison des coups de poignard cachés qui lui arrivaient maintenant chaque semaine. L'année allait néanmoins se dérouler jusqu'en 1974. Et pourtant, la fermeture brutale du studio en cours d'émission (mai 1973), sonnait pour la première fois une sorte de glas terrible dont la station n'allait pas se remettre en fait que très provisoirement...

L'équipe de la station restait et n'oubliait pas les 4 années de construction radiophonique, en dépit de la tentative de récupération opérée en novembre 1974 par la station régionale FR3. Tentative obscure et souterraine, laissant à la majorité de ceux qui y participèrent une sensation confuse où se mêlent encore la déception devant la fade routine et la révolte devant une certaine forme d'incompétence au regard des moyens techniques disponibles.

Chapitre 3: de 1977 à 1981

C'est à l'initiative du créateur de la station, Christian VERWAERDE, que Radio Campus allait faire l'actualité cette fois dès 1977 en entamant le deuxième chapitre de son histoire.

OCTOBRE 1976 : Christian VERWAERDE décide avec l'équipe la relance. Un studio est aménagé dans un bâtiment para-universitaire à la périphérie du Campus, avec l'accord de l'Université. De nombreuses démarches administratives sont entreprises officiellement. La station est prête en Avril 1977 mais n'ouvre pas en raison de la fin de l'année universitaire et de pressions extérieures diverses.

ETE 1977 : La France découvre les radios libres avec les Radios Vertes et les Radios Communautaires (Larsac). C'est l'émoi dans la grande presse (des centaines d'articles).

RADIO CAMPUS reprendra ses émissions en Octobre 1997. Rappelons la chronologie des événements (la vie de tous les jours d'une radio libre avant 1981) :

- Octobre 1977 : Réunion de reprise avec travail au studio le samedi 15. Studio en place depuis un an exactement, c'est-à-dire depuis la création du Club d'Animation et de recherches Audiovisuelles (CARAV, loi 1901, N 13308 du 27 janvier 1977, Préfecture du Nord, JO.). Décision du Conseil d'Administration du démarrage pour le Mardi 18 Octobre à 12h.

- 18 Octobre-12h : Démarrage Radio Campus 1977 sur PO 389m et FM 99 Mhz. Musique enregistrée de 12h à 20h avec annonces. Soirée inaugurale à 20h. Emissions prévues chaque soir sauf samedi et dimanche, de 19h à 23h.

- 20 Octobre : La police-radio des Communications demande un entretien. Référante de l'activité à Paris.

- 21 Octobre : Communiqués chaque heure sur l'antenne : "Le code des PTT (article L.39 est limité par l'article D. 457, alinéa 5, en ce qui concerne la "Radiodiffusion". Télédiffusion de France (TDF), établissement public, a la charge du monopole, mais n'a pas pour mission de la faire respecter. Si Radio Campus doit cesser, ce sera le fait d'une interprétation abusive d'une législation incomplète et inadaptée aux techniques modernes de consommation. Radio Campus continue et annonce le rendez-vous du lundi soir.

- Lundi 24 Octobre : Nelson de 19 à 22h : brouillage FM à 18h50. La station change de fréquence FM et passe de 99 à 100 MHZ. Le brouillage reste près d'1 heure sur 99. Peu avant 22h, il "suit" la fréquence. Essais sur 92 et 98 MHZ, très brefs. Le brouillage puissant reste à 100 MHZ, puis cesse. Vers 22h30, Campus est sur 103 sans brouillage.

- Lundi 24 Octobre (Paris) : Rencontre avec A. Lefebure (ALO, Association pour la Liberté des ondes, Radios Vertes). Une campagne nationale de presse est envisagée. Radio Campus appelle en soirée TDF à Lambersart, 35, rue Gambetta, au sujet du brouillage. Les techniciens de service n'ont pas l'air avertis.... Ce brouillage prient effet à 100m du studio. Nous pensons à une unité mobile de brouillage (camion). Cette hypothèse se révélera fausse.

- Mercredi 26-Jeudi 27 Octobre 20h30 : Pas de brouillage qui pourra correspondre à l'installation de l'émetteur de brouillage à proximité du Campus. Emissions sur 90,8 MHZ (canal voisin de FIL, 91). Puis semaine de Toussaint : reprise le 3 Novembre.

- Vendredi 28 Octobre soir : Début à 19h en raison du déménagement régulier du matériel chaque soir (perquisitions peu probables, mais par sécurité..). A 21h, arrêt quotidien de FIL sur 91 Mhz. Quelques secondes plus tard, début du brouillage par réglage de la fréquence porteuse. Passages du brouilleur de 400 à 1000 MHZ. Test et sifflements constants ensuite. Vers 21h40, le brouillage semble être une porteuse sans modulation, ce qui crée un "blanc" à la réception, en neutralisant. Il semble qu'il y ait "nouvelle" tactique en raison de notre fréquence, puissance de brouillage réduite. Plaintes téléphoniques des auditeurs à la Protection de la réception radio de Lambersart, à notre demande sur l'antenne.

- Première Semaine de Novembre 1977 : 2 émetteurs FM : 90,8 et 99 MHZ ; Arrêt du PO. Un brouillage à 50 Hz alterne selon la fantaisie sur nos 2 fréquences.

- Mardi 15 Novembre : Recherche et découverte du lieu de brouillage (repérage en 1h environ, avec mesureur de champ, carte et boussole. Le brouillage émane de la Direction Régionale des Télécommunications à 300 m à vol d'oiseau du studio.

- Mardi 22 Novembre : "L'affaire" a des suites. Convocation à 14h30 à la PJ, rue Royale, Lille. Cette "convocation" est l'aboutissement d'un mois de brouillage et d'intimidation. La situation semble bloquée puisque Radio Campus fait face, techniquement et juridiquement. Toutes les émissions font l'objet d'un rapport détaillé, des enregistrements sont opérés (renseignements généraux).

- Vendredi 25 Novembre : Le 23 au matin, rencontre du Président de l'Université qui rappelle son soutien moral. L'après-midi, nouvelle rencontre à la PJ Lille en présence de M. Comiti, Directeur Départementale. Des "inculpations" pourraient être prononcées... RDF à déposé 3 plaintes irrecevables. La 4 éme l'a été, par appui de la DST. Le 29 Novembre 1977, Radio Campus suspend ses émissions. En Janvier 1978, nous décidons d'entrer dans la clandestinité, et d'émettre en aidant tous ceux qui voudraient en faire autant. Radio Calamine, à l'initiative de Pierre BEHAGUE débute la série. Les émissions ont lieu depuis les tours de la ZUP de Mons en Baroeul, depuis l'Université,.... avec le matériel de Radio Campus (70 WFM) et sont perturbées par le brouillage. A ce sujet, notons les moyens importants mis en jeu par TDF pour brouiller ou repérer les émissions. A cette époque TDF n'hésitait pas à promener un camion, habituellement réservé au service de la protection de la réception, équipé de matériel sophistiqué et d'un mat d'antenne télescopique. Leur politique de repérage fut revue à la suite d'accostages nombreux du camion par les animateurs des radios. A cette époque également nous voyons les débuts de Radio Uglerspiegel (en Flandres) aidée par des membres de Radio Campus.

L'émetteur de 70 W circulait et servait à 3 radios :

"Sortie de secours" lancée par des étudiants de l'école de journalisme de Lille ;

"Radio Lille 59" ;

"Quelle est verte ma radio" (Amis de la Terre).

Notons la présence sur les ondes d'une radio des syndicats SNPESB. CGT des personnels de l'Université également supportée techniquement par Radio Campus. Radio Quinquin doit ses premières émissions à l'équipe de Radio Campus qui était mobilisée à chaque intervention policière pour émettre clandestinement.

On peut dire que Radio Campus a aidé à la naissance des radios indépendantes dans toute la région du Nord et est à l'origine de toutes les tentatives d'émissions antérieures au 10 Mai 1981.

Cela méritait d'être rappelé. Nicky Nelson animateur de 1969 à 1974